ÉDITO : Nos combats associatifs ont un sens : ne renoncez jamais !

Manoir de Courboyer (Perche-En-Noce), Journées du Patrimoine de Pays 2018 © Parc naturel régional du Perche

En rédigeant, ces derniers jours, le mémoire en réplique contre la Ville de Paris qui « squatte » une emprise du Bois de Boulogne depuis 8 ans, alors que la ministre en personne avait prescrit, en 2016, une renaturation au terme maximum de 3 ans, je dois dire que j’ai ressenti une certaine lassitude.

À quoi cela sert-il aux associations dont je coordonne l’action, d’avoir fait annuler un premier permis précaire contre tout l’appareil d’État et l’appareil parisien réunis, à quoi cela sert-il d’avoir dans nos « moyens » un article non équivoque du code de la construction qui interdit précisément ce type de situation, alors que la Ville de Paris ignore ce droit et persévère dans ses errements. Quant à la justice administrative, elle choisit ses censures car, avec un aussi « mauvais » sujet, elle ne ferait que cela !

Vous me connaissez maintenant ! Je me suis très vite ressaisi pour « ciseler » une réplique qui, une fois relue par notre conseil, aura vocation à faire « échec et mat ». Ce pour quoi nous nous battons est en effet plus grand que nous, levant tous nos doutes et justifiant tous nos efforts.

Nous nous battons pour le respect du droit, et pour une « partie prenante » immatérielle que les intérêts particuliers du moment ont toujours combattue : le droit pour les générations futures d’avoir un cadre de vie préservé, le droit de vivre dans des villes durables[1], le droit de jouir de paysages ruraux, et maritimes, à perte de vue, alliant la nature, les cultures et des bourgs où il fait bon vivre.  

Loin de refléter la nostalgie d’un passé révolu, nos combats du présent sont les clés du futur. 

Faisons donc preuve d’un peu d’optimisme, alors même que les mauvaises nouvelles font aujourd’hui écho au mauvais temps.

Prenons l’exemple du ZAN[2], cette réponse « mal ficelée »[3] à un vrai sujet : le « mitage » du territoire, issue comme d’autres « bombes à retardement », de la loi « climat et résilience ».

En concluant les Journées juridiques du patrimoine 2024 au thème, comme d’habitude, voulu comme provocateur[4], j’affichais un certain espoir quant à l’évolution du DPE[5] qui pourrait enfin s’adapter au bâti ancien, au lieu de le ranger, par une mauvaise programmation des critères, parmi les « passoires thermiques », j’étais en revanche plus pessimiste sur le « ZAN » dont, il est vrai, l’explosion des fâcheux effets est encore à venir.

Si j’en crois l’initiative du Sénat, soutenue par les déclarations positives du chef du Gouvernement, les choses pourraient très vite évoluer dans le « bon sens » !  Le « train sans conducteur » du ZAN serait donc ralenti, tandis qu’une norme aveugle pourrait céder le pas à une « intelligence des territoires ».

Alors, vous qui vous vous battez avec nous, directement, ou indirectement à travers les quelque 220 associations que nous fédérons, continuez à le faire, continuez à convaincre de nouveaux adhérents, continuez à parler avec ceux qui défendent sincèrement l’environnement, continuez enfin et surtout à servir la cause esthétique, éducative et sociétale du patrimoine.

Nos combats ont un sens. Ne renoncez jamais ! 


[1] En 2050, 70 % de la population mondiale sera urbaine.

[2] Zéro artificialisation nette

[3] Car uniforme, imposée et instrumentale.

[4] Le patrimoine survivra-t-il aux normes ?

[5] Diagnostic de performance énergétique