La rue de Valois sans voix pour le patrimoine – Fédération Patrimoine-Environnement

Depuis le 16 mars, les français sont confinés. Le secteur de la culture se retrouve touché de plein fouet par l’épidémie de coronavirus avec l’annulation de nombreux concerts, spectacles, visites, etc.

Afin de venir en aide aux acteurs touchés par la crise sanitaire, la rue de Valois a annoncé le 18 mars dernier la mise en place d’une aide d’urgence d’une hauteur de 22 millions d’euros. Selon le ministère, ce premier volet d’aide sera suivi d’autres mesures spécifiques. Pour Franck Riester, il est important de répondre au risque de disparition des structures culturelles. Le secteur de la culture français représente aujourd’hui environ 400 000 emplois.

La répartition du fonds prévoit d’être effectuée comme suit : 10 millions d’euros pour la filière de la musique, 5 millions pour la filière du spectacle, 5 millions pour la filière du livre et 2 millions pour les arts plastiques d’après le journal 20 minutes.

Pour certains syndicats de festivals ou de musique (profedim, prodyss) l’enveloppe dégagée par le ministère demeure insuffisante. Bien que difficilement déterminables à ce jour, les pertes générées par le confinement seraient en effet évaluées par eux entre 250 et 590 millions d’euros. L’industrie du livre prévoit une baisse d’activité de 20 à 25% et le syndicat de la librairie française appelle à la création d’un fonds de soutien aux librairies qui, n’étant pas considérées comme commerces de première nécessité, sont en berne depuis le 16 mars.

Le 27 mars, le ministère de la culture a présenté des mesures spécifiques notamment pour les artistes auteurs. Alors que ces derniers s’attendaient à des garanties en adéquation avec leur position, ils se retrouvent malgré eux mélangés aux autres professions et accèdent aux mesures nationales ouvertes à tous pendant la crise (accès au fonds de solidarité d’un milliard d’euros, étalement des loyers, etc.) selon La Croix.

Mais où est donc l’enveloppe pour le patrimoine ?

Les mécanismes de soutien annoncés par le gouvernement laissent largement de côté les acteurs du patrimoine. Il ne faut pas oublier que ce secteur est également touché par la crise du coronavirus, enregistrant des baisses de fréquentation des lieux culturels, des diminutions de revenus pour les sites ouverts au public, des annulations d’animation, des arrêts de chantiers, etc.

Une lettre (ci-dessous) au ministre de la Culture a été adressée par des associations et acteurs du patrimoine (VMF, La Demeure Historique, Ateliers d’arts de France et le GMH) demandant une concertation avec le ministre de l’économie afin de penser un dispositif adapté aux diversités du secteur et qui en assurerait la pérennité.

Selon ces acteurs, si rien n’est mis en place, la crise risque de porter un coup fatal aux efforts de milliers d’hommes et de femmes œuvrant pour la restauration et la promotion du patrimoine. Certains propriétaires de monuments ne s’étant pas constitués en entreprise, ne peuvent bénéficier des mesures de soutien. Egalement, les aides prévues aux indépendants et commerçants ne sont pas applicables à la plupart des ateliers et métiers d’art.

Le ministère a annoncé le 6 avril la création d’une cellule d’accompagnement permettant de recenser les besoins et d’adapter les réponses de l’Etat…pour les organisateurs de festivals.

Il nous paraît primordial d’obtenir du ministère une réponse et des mesures proportionnées à l’ampleur de la crise que nous traversons, et surtout sans n’oublier personne.

Un plan réfléchi et efficace sera indispensable pour la relance du secteur en sortie de crise. A ce jour nos voisins ont déjà débloqué pour leur secteur des arts créatifs et de la culture, un fonds de soutien de 50 milliards d’euros pour l’Allemagne et une aide de 190 millions de livres (environ 216 millions d’euros) pour le Conseil des arts d’Angleterre d’après le média Tracks.

Pensée pour les associations de la culture

Dans un récent communiqué du 8 avril, le ministre de la Culture a déclaré « Demain ne se construira pas sans la culture, sans ses institutions, sans les artistes mais certainement pas non plus sans vous, les bénévoles des associations culturelles qui œuvrez dans chaque ville et village de France. Pour tout ce que vous faites : merci. ».

Nous espérons que dans les prochains jours des actions envers les associations et les acteurs du patrimoine seront enfin engagées.