Edito – A Lulu pour la vie !
Nous avons des remerciements à faire :
Dans les airs : à l’Alouette Lulu, au Circaète Jean-le-Blanc, au Faucon emérillon, au Milan royal,
Sur la terre au Hérisson d’Europe,
Et dans les eaux de la Dordogne : à la Lamproie fluviatile et la Grande alose…
Nous devons beaucoup à ces animaux volant, rampant ou nageant. C’est manifestement leur protection qui a été considéré comme essentielle par la Cour administrative d’appel de Bordeaux dans l’arrêt rendu le 10 décembre 2019 pour considérer que l’on ne pouvait déroger aux normes de la zone Natura 2000 et de la zone de biosphère UNESCO de la vallée de la Dordogne en vue de construire sur ce fleuve deux ponts en plein milieu de la zone protégée.
L’arrêté préfectoral autorisant cet ouvrage et les décisions municipales qui l’ont préparés sont donc annulés par le juge d’appel, confirmant en partie le tribunal administratif de Bordeaux, après que le Conseil d’Etat en référé, eut ordonné l’arrêt des travaux.
De plus fort la Cour ordonne la remise en état des lieux et la démolition des travaux déjà entrepris.
Nous n’allons pas pleurer notre joie et nous félicitons les avocats qui ont défendu avec vigueur nos différentes positions quasiment communes dans ce dossier emblématique.
« On a vingt-quatre heures au palais pour maudire ses juges » écrivait Pierre Augustin Caron de Beaumarchais dans le Barbier de Seville. Monsieur Germinal Peiro, président du Département de la Dordogne, aura un temps un peu plus long puisque le code des juridictions administratives lui donne deux mois pour saisir le Conseil d’Etat comme juge de Cassation. Ne doutons pas qu’il le fera.
En attendant l’arrêt est exécutoire…
Devons-nous rester l’arme au pied en attendant la décision des sages du Palais Royal… A vrai dire nous ne pouvons faire autrement. Mais il nous faut aussi commencer à réfléchir aux comptes qui restent à régler.
Le bureau de Patrimoine Environnement a décidé, lors de sa dernière réunion, de saisir l’UNESCO en la personne du directeur de la division des Sciences Écologiques de la Terre, secrétaire du « Programme de l’Homme et de la Biosphère » (MAB) dont dépendent les réseaux nationaux. Nous voulons savoir comment il se fait que l’établissement public chargé de la zone de biosphère de la Dordogne qui s’appelle « Epidor » ait pu conserver à sa tête le président du département de la Dordogne Germinal Peiro dont les qualités et les compétences en matière de biosphère ne sont plus a démontrer et qui a eut l’outrecuidance en 2017 d’organiser, à Sarlat, le congrès des zones de biosphère sans que l’Unesco ne bouge un sourcil.
Nous souhaitons également nous rapprocher de la nouvelle directrice générale de l’aménagement, du logement et de la nature, Madame Stéphanie Dupuy Lion, qui étant éloignée du ministère de l’Ecologie ces dernières années n’a pas été mêlée à l’affaire de Beynac, pour comprendre, alors que le rapport de Monsieur Terray au nom du conseil national du développement durable est cité plusieurs fois dans l’arrêt de la Cour de Bordeaux, pourquoi ce rapport n’a eu aucun effet sur la préfète signataire de l’arrêté de 40 pages dont l’annulation vient d’être confirmée.
On parle beaucoup, ces temps si, de la confiance que n’ont plus les citoyens dans leurs institutions. A quoi bon inscrire des zones de biosphère sur la liste de l’UNESCO si c’est pour que l’Etat français en confie la gestion à des pourfendeurs de la nature…