Une carte archéologique de Paris
Mise en ligne le 3 juillet sous la forme d’une application interactive, la nouvelle carte archéologique de Paris vous invite à explorer près de 170 ans de découvertes. Fruit d’un long travail d’inventaire, cet outil recense près de 2 000 opérations archéologiques réalisées dans la capitale depuis le XIXe siècle.
Une récente découverte dans le 5ème arrondissement…
Dans la cour intérieure d’un immeuble de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, le voyage dans le temps est vertigineux. C’est là que l’archéologue de la Ville de Paris et son équipe du Département d’histoire de l’architecture et d’archéologie de Paris (DHAAP) réalisent une fouille préventive dans le cadre de la rénovation du bâtiment. Jusqu’à présent, ce secteur de la ville antique était surtout connu comme une zone d’épandage. « En somme, les habitants y jetaient leurs poubelles. L’essentiel du mobilier mis au jour sur notre chantier est d’ailleurs issu de rejets : beaucoup de fragments de poteries, de coquilles d’huîtres et d’os d’animaux ont été trouvés », indique Julien Avinain, l’archéologue en charge du projet de la carte archéologique. Mais la fouille a également révélé un vase en céramique, intact.
Ce qui n’était cependant pas attendu, c’est la présence d’une sépulture isolée, une découverte inédite dans cette zone périphérique de Lutèce.
Le squelette a été déposé dans les réserves du DHAAP afin d’y être analysé. L’existence d’une nécropole antique à cet endroit de Paris ne pourra être confirmée que par de futures fouilles. Mais il faudra peut-être attendre des années pour connaître le fin mot de l’histoire, les opérations archéologiques étant tributaires des projets d’aménagements urbains, comme l’explique le responsable de l’opération : « Toutes les fouilles réalisées dans Paris s’inscrivent dans le cadre de l’archéologie préventive, en amont de projets d’aménagement qui portent atteinte au sous-sol. C’est la Drac qui assure une veille sur la base des permis d’urbanisme et qui prescrit au besoin ces opérations archéologiques ».
170 ans de découverte dans une carte
La fouille conduite récemment rue de la Montagne-Sainte-Geneviève compte parmi la dizaine d’opérations assurées chaque année par le pôle archéologique du DHAAP.
Sept personnes y travaillent : quatre archéologues de terrain, une archéogéographe et une restauratrice sous la responsabilité du chef de pôle. Outre la réalisation d’opérations de terrain, les agents assurent la gestion des archives, dont certaines remontent à la fin du XIXe siècle, la conservation des objets mis au jour et la valorisation du patrimoine archéologique parisien. Dans le cadre de cette dernière mission, le DHAAP a créé une nouvelle carte archéologique de Paris, disponible sur la page du service depuis le 3 juillet 2019.
Réalisée en partenariat avec le CNRS, l’Institut national de recherches archéologiques préventives et l’Etat, elle recense plus de 2 000 fouilles entreprises dans la capitale depuis le XIXe siècle. Chacun peut zoomer sur les vestiges identifiés près de chez lui, des silex datant du mésolithique trouvés en 2008 rue Henry-Farman (15ème arrondissement) jusqu’au tronçon de l’enceinte de Thiers dégagé fortuitement boulevard Davout (12ème arrondissement) en 2013.
À chaque point est associée une notice descriptive, en attendant, bientôt, des photographies et des milliers de documents inédits. « Le grand public, les scolaires, les universitaires, tout le monde pourra découvrir d’un clic l’incroyable richesse du sous-sol parisien », ajoute Karen Taïeb, l’adjointe chargée du patrimoine.
La ville dans le temps et l’espace :
Rapports de fouilles récents, archives, photographies, plans et croquis ont ainsi alimenté cet inventaire de l’archéologie parisienne. « C’est la multiplication des observations qui permet de comprendre l’histoire de la ville, d’affiner des hypothèses et d’en contredire certaines » reprend Julien Avinain. « Et l’outil cartographique nous a semblé le plus pertinent pour appréhender l’évolution urbaine de Paris. »
À cette fin, l’application met à disposition deux cartes anciennes : le plan dit de Delagrive de 1740 et le plan Vasserot, édité quant à lui en 1836.
« Prochainement, nous intégrerons le plan parcellaire de 1900 qui est postérieur aux grands travaux d’Haussmann. En superposant les cartes, on se rendra ainsi compte du bouleversement que la ville a connu sous le Second Empire. »
Pour consulter la carte, c’est ici !