Entretien avec Denise Charensol, secrétaire générale de l’association Défense du site de Paris Notre-Dame et ses environs
Créée en septembre 1970, l’association pour la défense du site de Notre-Dame et ses environs cherche à préserver l’environnement de ce lieu unique et à le faire partager au plus grand nombre de passionnés.
Qu’avez-vous vu ?
« Mon mari et moi habitons sur l’île de la Cité et avons vu l’incident en direct. Nous avons assisté à tout : de l’embrasement de la base de la flèche à l’effondrement de la toiture. Le feu s’étendait à une vitesse inimaginable. Les pompiers de Paris des casernes alentours sont arrivés rapidement, mais leur matériel ne suffisait pas face à l’ampleur des dégâts. D’autres pompiers ont été appelés en renfort mais ils ont été ralentis par la circulation (bouchons, voies sur berge fermées). Le temps que les équipes de pompiers soient sur place, la flèche était quasiment enflammée jusqu’à sa pointe. La toiture a commencé à s’effondrer avant même que la flèche ne tombe. Nous pouvions sentir la chaleur depuis notre balcon et entendre l’édifice s’effondrer. »
Qu’avez-vous ressenti ?
« Nous étions révoltés. Ce n’est que le lendemain que les larmes sont venues. Le plus attristant pour mon mari et moi, c’est la destruction de la forêt de la cathédrale. Tout le travail des petites mains du XIIe et XIIIe siècle partis en fumée en l’espace de seulement trois heures, c’est invraisemblable. D’autant plus que 30% des œuvres se trouvant à l’intérieur du bâtiment ont été perdues, malgré l’extraordinaire travail des soldats du feu qui ont participé au sauvetage de reliques, tableaux, éléments de l’autel… »
Parlez-nous de l’avenir…
« Au milieu du drame, il faut avoir un cœur d’optimiste. Il n’y a pas que les croyants qui se rendent à Notre-Dame. Les gens viennent aussi pour l’architecture, les vitraux, les tableaux, le calme… La cathédrale appartient à tous les français mais aussi au delà des frontières, en Europe et partout dans le monde. Ce bâtiment est le témoignage de l’histoire, acteur d’événements qui ont « compté : dépôt de la couronne d’épines du Christ par Saint Louis, sacre de Napoléon Bonaparte, hommage national aux anciens président de la République Charles de Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand, visite du pape Jean-Paul II, obsèques de l’abbé Pierre… et tant d’autres. La cathédrale doit et va être rebâtie, il faudra plusieurs années pour la reconstruire. Gardons l’espoir qu’il y ait des artisans capables de faire des chefs d’œuvres. »