La culture passe en dessous des 1% du budget
Ce n’est pas l’habitude de nos éditoriaux que de vous abreuver de chiffres… Il n’est pourtant pas anormal de le faire à l’occasion du vote de la loi de finances rectificative qui vient d’intervenir pour 2014. On peut y lire que l’annulation des crédits de paiement précédemment votés pour la mission culture 2014 dans la loi de finances sera de 48.263.190 millions.
Rappelons que les crédits votés pour le Patrimoine étaient de 345.000.000 environ et qu’ils étaient en diminution depuis deux ans.
Sans entrer dans une querelle de spécialistes sur la consommation des crédits de paiement (par les Drac en particulier), dans les opérations cofinancés par les régions et départements – il faut une fois de plus constater que malgré les efforts des titulaires au ministère de la Culture (de droite ou de gauche), les crédits de la mission patrimoine sont en train de subir une diminution drastique et structurelle qui accompagne d’ailleurs la diminution générale des crédits de la Culture en pourcentage du budget général. Nous sommes désormais en dessous du fameux 1%.
Cela devra nous conduire à une double vigilance :
- Y aura-t-il un sursaut dans le projet de budget pour 2015 : c’est peu probable mais soyons attentifs…
- Mais surtout, comment sera accommodé le patrimoine dans la reforme régionale ? Y aura-t-il une compétence des régions bien affirmée ? Celles-ci récupéreront elles la compétence sur le patrimoine rural non protégé, transféré de l’Etat au département en 2004 et que ceux-ci ont bien du mal à assumer ?
Bref : y aura-t-il de l’argent pour le patrimoine en France ? Le ministère de la culture, qui n’a prévu aucun volet économique et financier dans le projet de loi Patrimoine, qu’il espère présenter au Parlement en 2015, reste t’il un interlocuteur crédible pour les propriétaires ? Qu’il s’agisse des privés ou des collectivités décentralisées ?
Sur ce point comme sur d’autres, les associations du G8 Patrimoine, lassées de la politique cycliste (Ndlr : « le nez dans le guidon ») prennent l’initiative d’ouvrir les travaux d’un Livre Blanc « Patrimoine et Paysage » à la rentrée dont l’objectif est de produire une réflexion pour les quinze prochaines années (soit au moins trois quinquennats) en s’attaquant aux structures et a une vrai réforme des politiques publiques, sans oublier l’initiative privée…
Alain de la Bretesche
Président-délégué de la Fédération Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations des Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la Conférence CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’Europa Nostra