Europe : quelques leçons d’après « Séisme »
Notre association reconnue d’utilité publique dans le domaine de la Culture et du Patrimoine doit-elle réagir aux résultats des dernières élections européennes ?
Nous essayons de ne pas nous mêler de politique politicienne, ce qui ne nous empêche pas d’être surpris de certaines analyses.
La France a envoyé 24 europhobes à Strasbourg. Et les résultats généraux de l’Union nous apprennent qu’avec quelques autres partis européens ils seront 38 en tout, auxquels viendront s’ajouter 36 souverainistes (sur 774 députés)… Et encore nous dit-on, ces gens ne sont pas sur de faire un groupe uni, car nos europhobes ne sont pas jugés convenables par les autres ! Faut-il parler d’un séisme ou d’un tsunami ?
Mais cette ahurissante vague médiatique qui va durer quelques jours est l’occasion pour nous de quelques réflexions – Qui seront les décideurs de l’Europe dans quelques semaines ? Il nous faudra le savoir pour les rencontrer et faire notre travail de membres de la société civile. Sans doute y aura-t-il peu de français ; la tradition veut que, à part quelques-uns, nos représentants nationaux ne siègent guère. Rien ne nous empêche d’aller voir les autres !
N’est-il pas opportun de se souvenir que le préambule du traité de Lisbonne « s’inspire des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine, ainsi que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’État de droit ».
Il serait sans doute temps de lui donner un contenu… D’autant que l’article 6 du traité rappelle – que l’Union peut engager des actions pour « appuyer, coordonner ou compléter l’action des États membres » – et que la culture figure parmi ces domaines d’action. De surcroit les décisions sont prises en ce domaine à la majorité qualifiée et non à l’unanimité
Il est plus que temps de scruter de plus près trois outils bruxellois :
- La récente réforme du Fond structurel européen qui fournit des crédits aux associations qui développent de l’emploi en Europe
- La représentation de la société civile au Conseil économique et social européen : dans la liste pas un seul francais n’émane du domaine de la culture et du patrimoine !
- Les contacts auprès de la commission et des parlementaires dont le pouvoir aux termes du traité de Nice est fort important.
Disons-le les francais ont laissé passer les trains depuis bien longtemps. Laisserons-nous la balle aux autres ?
Nous avons quelques atouts : Patrimoine-Environnement est membre de « Europa Nostra », dont le président exécutif est un francais (Denis de Kergorlay) – la COFAC anime au sein du mouvement Associatif, le Groupe chargé du Fond structurel Européen.
Ces modestes leviers, il nous faut les employer ! Pourquoi ?
Parce que les politiques de sauvetage du Patrimoine sont nécessaires dans tous les pays d’Europe – parce que le dialogue musclé entre la politique de l’énergie et les paysages a évidemment une base européenne – parce que le vrai développement durable (celui qui amorce, loin des utopies, un vrai tournant de civilisation ; et protège le monde rural, la terre agricole et la forêt, avec ce que l’homme y a accompli depuis des millénaires) n’est pas différent en deçà ou au-delà des Pyrénées.
Soyons donc positifs, essayons de démontrer que nous, membres de la Société Civile, sommes capables de réveiller nos politiques francais et de les intéresser à l’Europe – non pas celle du grand marché qui fonctionne bien sans nous, mais celle de la culture, des racines et du Patrimoine !
Alain de la Bretesche
Président-délégué de la Fédération Patrimoine-Environnement
Président de la COFAC (Coordination des Fédérations des Associations de Culture et de Communication)
Administrateur de la Conférence CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives)
Administrateur d’Europa Nostra