Première étape positive du recours contre l’implantation d’éoliennes autour de la collégiale du Dorat (Haute-Vienne)
Sabine Cadart, présidente de l’ASPPHEL (Association pour la Sauvegarde des Paysages et du Patrimoine en Haut Limousin) revient sur le recours contre l’implantation d’éoliennes autour de la collégiale du Dorat (87).
Rappel du contexte
Au cours de l’été 2011, Patrimoine-Environnement a engagé avec l’ASPPHEL et diverses personnes physiques, un recours administratif auprès de la Ministre de l’Ecologie, Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, afin d’obtenir l’annulation des arrêtés du préfet de la Haute-Vienne accordant dix permis de construire éolien.
Ils avaient été accordés en juillet 2011, sur des zones de développement éolien annulées faute de potentiel éolien insuffisamment démontré. Mais, paradoxalement, cela ne fait pas partie des conditions nécessaires à l’octroi des permis de construire d’aérogénérateurs…
Ces permis ouvraient droit à la construction de 24 turbines, en Basse Marche, autour de la cité médiévale de caractère du Dorat et de la chapelle romane classée de Sainte-Marie de la Plain, bafouant ainsi la circulaire Albanel, qui vise à éviter la construction de tels engins visibilité depuis ou avec ces monuments protégés, dans un périmètre de 10 km des monuments protégés, voire au delà. En l’occurrence, ces permis de construire signaient même l’encerclement de cette chapelle, lui barrant l’horizon avec 18 machines de 145 mètres de haut.
13 juin 2013 : dix permis de construire éoliens de Basse Marche annulés par le Tribunal Administratif de Limoges
Le tribunal a retenu, pour sa part, dans chacun des jugements, comme moyen de forme, les préconisations des permis de construire non jointe aux arrêtés, et comme moyens au fond, soit la co-visibilité avec ce monument historique, soit l’impact sur les chauves-souris.
À noter que ces espèces protégées sont indispensables au maintien d’une production agricole, en ce qu’elles absorbent un tiers de leur poids par jour en insectes. Ce projet comprenait également l’arrachage de deux bois, comme dans le cas du projet du Col du Bonhomme, réclamé par le même pétitionnaire, Ostwind international.
Le Tribunal aurait sans doute pu retenir d’autres motifs, telle que l’implantation des éoliennes envisagée dans le projet qui coupait à angle droit un couloir d’oiseaux migrateurs, allant ainsi à l’encontre de l’avis de la Ligue de protection des oiseaux, mais un moyen suffisait.
Pour la défense du patrimoine et des paysages, mais aussi de la nature et la biodiversité, nous ne pouvons que saluer ces jugements, retour à la raison.
D’ailleurs, si toutes les éoliennes terrestres prévues en 2020 étaient implantées, elles ne produiraient que l’équivalent d’un de nos 58 réacteurs nucléaires, alors que, pendant ce temps, elles laissent croire que l’on a trouvé une énergie de substitution, infinie comme le vent, et qu’il n’y a donc pas lieu de chercher à l’économiser.
Or, si les subventions éoliennes étaient investies dans le bâti afin de le rendre moins énergivore, on pourrait facilement économiser l’équivalent non pas seulement d’un, mais de six réacteurs nucléaires, et la création de quelques centaines de milliers d’emplois artisanaux pérennes et locaux serait, de surcroît, au rendez-vous.
Sabine Cadart
Présidente de l’ASPPHEL
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