Paris bientôt balafré par les tours ?

 

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Patrice Maire, Président de l’association Monts 14

Depuis 2008, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, et son adjointe, Anne Hidalgo, assènent que « Paris devra savoir imposer sa modernité pour conserver son rang ». Ils multiplient les dépassements des limites de hauteur dans le règlement d’urbanisme : 15 mètres de haut en sus pour les signes architecturaux, aucune limite pour les éoliennes, entorse au plafond des hauteurs protégeant la vue depuis l’Arc de triomphe…  Et ils veulent construire une quinzaine de tours sur six sites situés dans Paris, à la frontière avec la banlieue.
À la Porte de Versailles, l’association Monts 14 lutte contre la Tour Triangle qui serait érigée dans le Parc des expositions de la Porte de Versailles.

 Une disproportion envahissante

Celle-ci a la forme d’un triangle et ferait 180 mètres de haut et 150 mètres de long à la base. Elle serait donc totalement disproportionnée par rapport au quartier environnant où les immeubles font généralement 20 à 30 mètres de haut. À cause de sa dimension, elle attirerait l’œil « comme un paratonnerre la foudre ». Sa présence obsédante se répéterait au coin des rues, dans les espaces dégagés…  Tout comme la Tour Montparnasse, haute de 210 mètres, elle se verrait depuis les Berges de la Seine, pourtant classées au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Des totems

Les tours sont-elles belles ; servent-elles à quelque chose ? De l’aveu même du promoteur, Unibail, « elles plaisent parce que ce sont des totems ». Elles ont un sens pour un pays émergent comme la Chine, qui en a fait l’étendard de sa réussite industrielle en cours et qui en construit des milliers (de plus de cent mètres de hauteur) à Pékin, à Shangaï… Elles servent l’image du maire de Paris qui, depuis 2001, mise sur une communication « à grand spectacle » avec les opérations Vélib, Paris-Plages, etc.

Paris défiguré

Une vision bien plus emblématique risque d’être gâchée, celle du Paris des Grands Boulevards, des immeubles en pierre de taille, des toits haussmanniens, des Galeries Lafayette, de la diversité et de toute une richesse culturelle… Cette attractivité explique que Paris est la ville la plus visitée au monde. En 2004, lors d’une enquête, 120 000 parisiens, à hauteur de 63 %, voulaient garder cette physionomie. Dix ans après, le 14 mai 2013, selon un sondage BVA, 62 % sont toujours opposés aux tours.

Comme disait le président Giscard d’Estaing en 1975, à propos des Olympiades, « Pourquoi une tour hors d’échelle devrait-elle crever le toit d’une ville, perturber l’organisation des rues et imposer l’image de marque d’un petit nombre d’usagers à tous les habitants ? »

Patrice Maire
Président de l’association Monts 14
Membre de la Fédération Patrimoine-Environnement

 

 

 

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