550 colonnes Morris vont être changées à Paris
Une colonne Morris est un élément du mobilier urbain initialement parisien, mais présent dans beaucoup de villes françaises. Facilement reconnaissable par sa forme cylindrique et sa fonte vert foncé, elle sert principalement de support à la promotion des spectacles et des films. Si sa silhouette et son aspect général ont peu évolué depuis sa création, des perfectionnements et des fonctions nouvelles sont apparus au cours du temps. Aujourd’hui, par exemple, elle peut être éclairée à la nuit tombée. Elle peut aussi être rotative, ce qui permet une meilleure exposition des affiches, qui sont fréquemment protégées des intempéries et des incivilités par un vitrage. L’espace qu’elle abrite en son sein est parfois utilisé pour entreposer du matériel ou pour abriter des toilettes ou des téléphones publics.
L’histoire des colonnes Morris
À Paris en 1839, le préfet de la Seine Gabriel Delessert autorise l’installation de colonnes dites « moresques » : l’affichage municipal est placardé sur un panneau de bois adossé à l’extérieur des petites constructions urbaines (kiosques, urinoirs,…) installées par la ville. Ce mobilier urbain est amélioré sous Napoléon III, puis redessiné par l’architecte en chef du Service des promenades et plantations Gabriel Davioud. Suite aux nombreuses critiques (à cause de la double fonction affichage et urinoir), le comte Baciochi, ministre d’État et surintendant général des Théâtres, lance un concours pour trouver un nouveau support exclusivement réservé à l’affichage.
En août 1868, les imprimeurs Richard et Richard-Gabriel Morris, père et fils, entre autres spécialisés dans la promotion des spectacles parisiens, remportent le concours. Ils s’inspirent des Litfaßsäulen (instaurées en Allemagne, à Berlin, ce sont les premières colonnes d’information sur les spectacles) pour créer les « colonnes-affiches », qui portent ensuite leur nom. Paris s’habille de ce nouveau mobilier urbain, reconnaissable par sa fonte verte et sa toiture composée d’une marquise hexagonale, décorée aux angles de six mufles de lions, le tout surmonté d’un dôme bombé et décoré d’écailles et d’une flèche ornée de feuilles d’acanthe. Le baron Haussmann concède ainsi à l’entreprise « Typographie Morris père et fils » le monopole des colonnes d’affichage encollé suivant des durées allant de neuf à douze ans, l’entreprise s’engageant à couvrir tous les frais de construction des supports et d’affichage.
Devenue La Compagnie Fermière des Colonnes Morris, l’entreprise a été rachetée en 1986 par la société JCDecaux : les colonnes Morris/JCDecaux sont désormais présentes dans de nombreuses villes d’Europe. Depuis 1986, JCDecaux continue de faire appel à G.H.M pour les secteurs inférieurs des colonnes (socle en fonte), contrairement au dôme qui est désormais fabriqué par rotomoulage (plastique) et aux montants des colonnes réalisés dans un matériau composite.
Les colonnes Morris vont être remplacées
Le 28 Février 2019, l’entreprise JCDecaux annonce avoir remporté un appel d’offres pour le changement de 550 Colonnes Morris à Paris. Le communiqué de presse de l’entreprise précise que les nouvelles Colonnes ont été dessinées et conçues par les designers du bureau d’études de l’entreprise :
« Un modèle unique de colonne succèdera aux deux modèles qui coexistent actuellement (le modèle Davioud et le modèle dessiné par Jean-Michel Wilmotte). Cette création inédite se fonde sur des travaux réalisés avec un historien de l’architecture afin que la nouvelle colonne s’inscrive dans la continuité de la colonne historique : les Parisiens découvriront ainsi une colonne totalement nouvelle et à la fois résolument familière, avec sa silhouette élancée, ses ornements sobres et élégants, sa marquise hexagonale ornée de 6 mufles de lions, gardiens de la culture et de la liberté d’expression. Les colonnes de Paris conserveront leur couleur actuelle. »
Le nouveau contrat de concession de service des colonnes Morris et mâts porte-affiches de la mairie de Paris porte sur la fourniture, la pose, l’entretien, la maintenance et l’exploitation de 550 colonnes (305 colonnes lumineuses fixes, 100 colonnes lumineuses rotatives, 45 colonnes lumineuses fixes avec face déroulante et 100 « colonnes-colle ») et 700 mâts porte-affiches.
Les nouveaux mobiliers urbains, dédiés aux annonces de spectacles et manifestions culturelles, sociales ou sportives, seront déployés au cours du second semestre 2019.
Le nouveau look imaginé ne devrait pas provoquer de polémique comme cela avait été le cas avec les kiosques à journaux puisque les designers du groupe d’affichage ont travaillé avec un historien de l’architecture afin que la nouvelle colonne s’inscrive dans la continuité de la colonne historique : ornements sobres et élégants, marquise hexagonale ornée de 6 mufles de lions.
Le modèle de mât porte-affiches a, lui, été totalement réinventé avec son caisson d’affichage désormais positionné sur le côté du mât. La colonne sera dans une teinte vert foncé tandis que le mât, lui, sera couleur « gris terre d’ombre ».
Durable et innovant ?
Ce nouveau mobilier urbain tient compte du Plan Climat Energie de la ville de Paris, puisque les colonnes consommeront 25 % d’électricité en moins par rapport au modèle actuel et que 100 % des consommations électriques seront couvertes par de l’électricité d’origine renouvelable.
Autre innovation : le dôme des colonnes est fait en « composite de fibre de lin », un matériau biosourcé, cultivé et produit en France, qui garantit une empreinte environnementale maîtrisée. « Paris est la première ville au monde à bénéficier de cette innovation majeure, écologique et durable pour les toitures de ses colonnes », s’enorgueillit le groupe JC Decaux dans son communiqué de presse.