2013, quel avenir pour les associations du patrimoine?
Dans les coulisses de la télévision il se murmure que le Président de la République a dû s’y reprendre à quatre fois pour trouver le ton juste de ses propos d’usage à la nation à l’occasion de l’an nouveau. Combien de fois devrais-je replonger dans le virtuel encrier, la plume imaginaire qui me sert – comme à vous tous – à remplacer les vieux modes d’écriture d’antan pour vous dire aussi chaleureusement que possible : que tout n’est pas fichu, que nous avons perdu une bataille économique mais pas la guerre, que oui, après la pluie c’est le beau temps, que l’apocalypse n’était finalement pas pour avant hier, que « tout est perdu fors l’honneur », mais l’honneur intéresse-t’il encore quelques uns…… ?
Je vais seulement m’efforcer de vous dire ce que je pense, dans une forme encore peu aboutie, de l’avenir et surtout de l’utilité dans cet avenir des grandes associations du patrimoine et de la culture. Non la crise économique ne va pas s’arrêter, pas avant que nous ayons remboursé nos dettes et ce n’est pas demain la veille. Devons-nous croire notre « classe politique » lorsqu’elle nous dit le contraire ? Mais cela fait longtemps que nous ne croyons plus grand-chose de ce qu’elle nous dit !
Oui, nous allons vivre un tournant de civilisation qui consistera notamment :
- à modifier considérablement les habitudes de transport que nous avions acquises depuis les années 1970 en particulier nous n’aurons plus des voitures pour tous les ménages ainsi que des modes de chauffage bon marché,
- à changer les règles de l’aménagement du territoire en arrêtant de détruire la campagne au profit des villes, ceci à population égale,
- à réorganiser les modes de distribution alimentaire (une énorme partie des produits distribuables est jetée avant d’être consommée),
- et par voie de conséquence, à réorganiser la production agricole particulièrement dans les secteurs péri-urbains.
Oui, ce que je viens d’écrire ressemble un peu à une déclaration écologique qui sent le réchauffé et qui jusqu’ici n’a pas vraiment passionné l’opinion (cf. le score de l’ineffable Éva Joly)
Non je n’ai pas « viré ma cuti ».
Oui je pense que les associations de défense du patrimoine et des paysages ont une pensée et un rôle particulier dans cette aventure.
Parce que nous nous efforçons de savoir d’où nous venons grâce à l’histoire et que nous saurons ainsi un peu mieux où nous allons et par où nous passerons.
Parce que nous pensons que les constructions et les modes de vie du passé sont pleins d’enseignements pour l’aménagement du territoire de demain : zones inondables, emplacement des villes et des villages, harmonie des paysages, sans pour autant nier le progrès.
Parce que nous constituons des corps intermédiaires qui peuvent renouveler un système démocratique en associant, comme vient de le rappeler le Conseil Constitutionnel, « le public » à l’élaboration des décisions des élus.
C’est pourquoi, puisque l’aventure commence à l’aurore et que le soleil n’a pas fini de se lever, profitons de la crise, non pas pour ajouter à la liste quelques « droits à… » supplémentaires et sans aucun lendemain, mais pour apporter à la société notre plus-value, à partir de ce que nous savons faire et de ce que nous aimons.
Alain de la Bretesche
Président délégué de Patrimoine Environnement