Projet de reconstruction de la flèche de la basilique Saint-Denis

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Vendredi 1er mars, à l’occasion d’une conférence de presse, Didier Paillard, maire de Saint-Denis, et Patrick Braouezec, président de Plaine Commune, ont annoncé leur souhait de relancer le projet de reconstruction de la flèche de la basilique.

Rappels historiques

Depuis le milieu du XIXème siècle, la basilique Saint-Denis est amputée de sa flèche et de sa tour nord. Cette flèche, édifiée vers 1215, se dressait à 86m de hauteur. Elle a constitué, pendant des siècles, un point de repère pour le monument mais également pour la ville puisqu’elle était la plus haute de la région.

En 1837, la flèche est foudroyée puis reconstruite par l’architecte François Debret. Cependant, en 1845, un violent ouragan fragilise et déstabilise la flèche qui menace de s’effondrer. Un an plus tard, l’architecte Viollet-le-Duc démonte la flèche et la tour par mesure de sécurité. En 1860, il propose un ambitieux projet : celui de reconstruire deux flèches symétriques, projet qui n’aboutira jamais.

La basilique Saint-Denis fait l’objet, depuis 1862, d’un classement au titre des Monuments Historiques. Le jardin qui l’entoure, lui, est classé depuis le 19 août 1926.

Un projet abandonné depuis 15 ans

Dans les années 1988-89, la mairie de Saint-Denis avait monté un premier dossier, validé par le ministère de la Culture avec pour seule condition que le projet ne coûte pas un franc à l’État, propriétaire du monument. N’ayant pas les fonds nécessaires, le projet fut arrêté et oublié.

En 2013, le projet est remis sur le tapis par la mairie de Saint-Denis et parrainé par Erik Orsenna, membre de l’Académie Française. « Aujourd’hui, nous voulons ressortir le projet des cartons », explique Didier Paillard, maire de Saint-Denis. « C’est finalement assez logique quand on voit à quel point le centre-ville a évolué, avec la piétonisation et la restructuration de la place Victor Hugo. Il ne manque plus que la flèche ! »

Pour financer le chantier, dont ils estiment le coût à « environ 25 millions d’euros », les élus comptent sur l’argent des visiteurs et sur le mécénat des grandes entreprises.

Un chantier monumental …

« En dehors de l’aspect architectural, qui redonnerait son élancement à l’édifice, c’est aussi un projet de territoire », explique M. Paillard, qui compte utiliser ce projet pour « valoriser les métiers du bâtiment » et « faire travailler des jeunes et des adultes en insertion ».

L’idée serait de mettre en place un chantier pédagogique où les savoir-faire traditionnels des bâtisseurs seraient mis à l’honneur. De telles expériences ont déjà été menées avec succès en France. C’est le cas du chantier de « L’Hermione », une frégate du XVIIIème siècle, actuellement en cours de reconstruction à Rochefort, en Charente Maritime.

« Nous savons qu’obtenir des financements de l’État sera très compliqué », explique Didier Paillard. « Mais les grandes entreprises, notamment celles implantées à La Plaine, manifestent leur intérêt pour le projet. Elles y croient ! » Un parcours de visite, combinant l’îlot Cygne, les réserves de la basilique et le chantier de la flèche, pourrait sans doute attirer de nombreux visiteurs. « Au-delà de la dimension patrimoniale, c’est un projet de territoire qui dynamisera Saint-Denis et rendra fiers les habitants, j’en suis sûr », explique le maire. Les porteurs du projet annoncent un démarrage du chantier fin 2014 – début 2015. Il faudra sans doute attendre quelques années supplémentaires avant que la basilique ne retrouve sa flèche majestueuse.

… mais critiqué

Le ministère de la Culture s’est dit « très réservé à l’égard du projet ». En effet, « la déontologie en matière de patrimoine consiste à priori à ne pas reconstruire ex-nihilo des éléments qui ont disparu depuis très longtemps ». L’Observatoire du Patrimoine Religieux (OPR) et la Tribune de l’Art rejoignent le ministère sur ce point-là. L’OPR ajoute même qu’un tel projet n’est pas légitime face à des centaines de monuments encore existants qui auraient besoin de financement : Saint-Augustin, le Panthéon ou encore la basilique elle-même dont la façade est en rénovation depuis 2012. De plus, pour l’OPR et la Tribune de l’Art, le projet s’inscrit plus dans une stratégie de communication pour donner une image de ville culturelle que dans une réelle volonté de reconstruire la flèche.

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