Maisons Paysannes fête ses 50 ans en 2015 ! Interview de Georges Duménil Président de MPF


logo-50ansEn 2015, Maisons Paysannes de France fête ses 50 ans.
Une occasion unique de revenir sur le parcours de l’association, et pour elle de faire le bilan de ses actions afin de mieux se projeter vers l’avenir. Nous avons profité de cet anniversaire pour interviewer Georges Duménil, le président de l’association de référence en matière de connaissance et de sauvegarde du patrimoine rural.

Quelques questions à Georges Duménil – Président de Maisons Paysannes de France :
  1. Quand l’association MPF a-t-elle été créée et dans quels buts ?

photoGeorges Duménil – L’association Maisons Paysannes de France a été créée en 1965 dans le Lot par plusieurs personnes, dont le Docteur Cayla. Les ravages de l’exode rural et l’abandon des maisons de village étaient alors évident : disparition rapide et évidente du patrimoine rural, défiguration des paysages…

Le groupe, passionné de patrimoine, a remarqué qu’avec l’abandon du bâti rural disparaissait en même temps les savoir-faire afférant à ce type de construction. Aucune autre association ou structure ne défendait alors ce patrimoine (les CAUE ont été créés par la suite) et les grandes associations qui existaient comme la SPPEF ou la Demeure Historique s’occupaient plutôt de l’aspect du bâti monumental, plus que du bâti rural et du paysage : maisons, fermes, dépendances, lavoirs, fontaines, puits, ponts…

L’association s’est d’abord développée comme une association locale, et en 4-5 ans, elle a pris une dimension « nationale ». Ses missions ont été dès le début de promouvoir la maison paysanne traditionnelle, de protéger le cadre paysager et humain et d’encourager la création d’une architecture contemporaine de qualité (s’intégrant avec harmonie dans son environnement). Ses moyens d’actions : la sensibilisation des publics et l’adoption par les pouvoirs publics de mesures législatives ou règlementaires nécessaires.

  1. Quel est le bilan de ces 50 années ? Avez-vous atteint vos objectifs ?

G.D – Nous atteignons aujourd’hui les 8000 adhérents et bénéficions d’une assise nationale. L’association MPF a des représentations dans toute la métropole (6 associations régionales ont été créés) et plus de 450 bénévoles sont engagés à nos côtés tant au siège national à Paris que dans chaque délégation départementale et régionale.

Les missions que s’était fixées l’association à ses débuts sont restées les siennes : la protection du patrimoine rural et environnemental. Cependant, dire que nous avons atteint les objectifs que nous voulions serait trop s’avancer…

  1. Cet anniversaire est-il un événement important ? Que va-t-il se passer cette année ?

G.D – Nous avons le projet de faire de cet anniversaire une étape importante de l’histoire de MPF, à la fois pour tirer le bilan de ces 50 ans, mais aussi pour adapter les missions de notre association à l’évolution du monde rural.

C’est donc tout d’abord l’occasion de fêter notre longévité. 50 ans ce n’est pas rien. C’est également une opportunité pour continuer à faire connaître notre association et son savoir. Un certain nombre d’animations et d’événements ont été mis en place.

Une publication des 50 ans – Nous éditons une publication : « MPF, 50 ans d’expérience sur le patrimoine bâti et paysager… » sera peut-être le titre de l’ouvrage, à paraître mi 2015. Il présentera l’association, ses temps forts, les personnalités et les succès qui ont marqué son histoire (150 pages. Huit chapitres, beaucoup d’illustrations) et permettra à MPF de revenir sur son histoire pour mieux aborder ses objectifs à venir.

Un congrès MPF
 – Maisons Paysannes de France organisera son congrès national à Tours en octobre. Destiné aux bénévoles de l’association, ce congrès est une occasion de réunir tous les acteurs MPF qui œuvrent chaque jour sur le terrain pour la sauvegarde de notre patrimoine, l’accompagnement et le conseil auprès des propriétaires, collectivités et tout autre porteur de projet. Nous donnerons plus d’informations prochainement.
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Concours de restauration et de construction René Fontaine (jusqu’au 1er mai 2015)
 – Nous organisons plusieurs concours, dont le concours René Fontaine (de juin 2014 à novembre 2015). Créé il y a presque 30 ans, il est soutenu par la Fondation du Patrimoine et couronne des travaux de réhabilitation et de restauration effectués dans les règles de l’art (selon l’esprit de l’association : respect de l’architecture d’origine, utilisation de matériaux et de techniques traditionnelles locales, souci écologique…).

En 2015, un prix spécifique récompensera les projets d’architecture contemporaine (extension, construction, déplacement…). Programme.

Affiche-concours-photo-MPF-2015Concours photo sur le thème du Bâti rural et des paysages (date limite de candidature : 30 avril 2015) – Un concours unique de photographies sur le thème « Les bâtiments ruraux en France » a été lancé cette année. Les participants doivent illustrer le thème de l’architecture rurale : bâtiments d’habitation, d’exploitation, utilitaires (fours, lavoirs, puits…), paysages et territoires, savoir-faire. Nous décernerons deux prix pour chacune des catégories : catégorie tout public et catégorie jeune (moins de 16 ans).

Une sélection des photographies reçues fera l’objet d’une exposition. Elle sera organisée dans un premier temps dans un lieu phare de Paris (à l’Orangerie du Jardin du Luxembourg à Paris en septembre), et sera ensuite diffusée en régions par les délégations départementales et régionales. Conditions.

visuel-concours-dessinConcours de dessins sur le thème « La maison que j’aime » – Pour les enfants de 6 à 12 ans, l’association organise le concours « La maison que j’aime » (envoi des dessins avant le 31 mai). Le dessin peut représenter une maison connue ou imaginaire, avec toutes les techniques de dessin possibles (crayons noir ou couleur, feutres, gouaches, aquarelles, collages, découpages…). Inscriptions. Présentation.

G.D – Nous continuerons à publier la revue MPF et à participer :

Maisons Paysannes de France organisera, à l’occasion du Salon du patrimoine (qui se tiendra en novembre 2015 à Paris) une conférence sur la ruralité et les enjeux de notre association, la remise des prix du concours René Fontaine. Nous serons bien évidemment présent avec notre stand et des affiches « spéciales cinquantenaire » illustrant nos grandes étapes, nos grandes actions et nos grands hommes, etc.

  1. Avez-vous des projets en développement ?

G.D – Nous avons toujours des projets en développement. L’association a récemment mis en place un Conseil d’orientation qui permet de faire des propositions au conseil d’administration et proposer des nouveautés. De nouvelles perspectives sont envisagées pour toujours mieux protéger notre patrimoine et répondre aux préoccupations actuelles de notre société. Auto-construction, construction écologique, matériaux locaux et bio-sourcés, habitat partagé, patrimoine et architecture contemporaine… sont autant de questions auxquelles notre association prépare des réponses en complément de ses spécificités d’origine pour le bâti rural et les techniques de construction.

Concrètement, nous participerons à un film-reportage avec FR3 sur les lauréats des concours Maisons Paysannes de France René-Fontaine, nous développons un projet de sensibilisation au patrimoine pour les scolaires, nous participerons au salon Maisons & Travaux (en mai prochain).

  1. Comment percevez-vous le comportement des Français par rapport au patrimoine et sa préservation ? Pensez-vous qu’ils s’en soucient suffisamment ?

G.D – Non, une grande majorité des Français reste attaché à la France, mais ne s’en soucie pas. Et si de manière théorique les Français sont d’accord avec certaines valeurs, les appliquer chez soi reste difficile. Un propriétaire privé ne respecte pas forcément les réglementations qu’il juge contraignantes. Un peu comme pour la protection de la nature, les gens adhèrent à l’idée de l’écologie, sans forcément faire le tri sélectif chez eux.

  1. Le patrimoine français vous parait-il préservé comme il le faudrait ? L’Etat joue-t-il sa part ?

G.D – La France est belle et possède de nombreuses identités régionales. Ce sont ces différences qui font la qualité du paysage français. Il reste difficile d’intervenir partout de la même manière, mais les PLU restent un bon moyen d’intervention. Malheureusement ils ne sont pas appliqués et ne défendent pas le patrimoine. Il y a même dans de nombreux cas des vides juridiques. Alors le paysage est détruit au fur et à mesure… Dans un PLU une liste d’éléments de patrimoine peut être présentée pour les protéger, il faudrait en faire l’inventaire complet… Un combat de plus sur une liste déjà longue !

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L’association Maisons Paysannes de France s’adresse à tous et en priorité à toute personne souhaitant : restaurer, valoriser, réhabiliter un bien, construire une maison ou des annexes dans le respect de l’environnement et du paysage, se former aux techniques de constructions traditionnelles et écologiques, ou tout simplement s’intéresser à l’architecture rurale et se documenter.

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