Le Pont 3D d’Avignon


Fruit du travail de quatre années de recherches scientifiques, le projet de reconstruction en 3D du Pont d’Avignon est arrivé à son terme.
C’est un exemple parfait du mariage harmonieux entre les nouvelles technologies et un travail sans précédent de recherche.

20141129_1_1_4_1_0_obj7719073_1Il est ainsi permis à tous de découvrir ou redécouvrir la vraie histoire du pont d’Avignon à travers un film, et bientôt un application numérique et un livre.

Le court métrage restitue en trois dimensions et en intégralité le pont d’Avignon tel qu’il était il y a encore 400 ans. Le résultat est bluffant : une traversée de 920 mètres au-dessus du Rhône, entre le Palais des Papes et la tour Philippe Le Bel.


Pour arriver à un tel résultat, il aura fallu mobiliser pendant quatre ans des ingénieurs informaticiens et une petite armée de chercheurs du CNRS (43 personnes réparties sur cinq laboratoires pilotés par le MAP, Modèle et simulations pour l’Architecture et le Patrimoine).

« Si les uns se sont plongés dans l’étude des manuscrits et des dessins anciens, d’autres se sont rendus sur le terrain à la recherche de vestiges et d’indices archéologiques, raconte Marc Andrieu, le chef du projet. L’objectif était de déterminer l’emplacement des anciennes piles du pont aujourd’hui enfouies sous les alluvions du Rhône ou immergées dans les bras de Villeneuve et Avignon. À l’aide de scanners laser 3D, d’ « échographies sous-fluviales » et autres opérations de carottage, une interprétation de la forme du Pont Saint-Bénezet a pu être reconstituée avant d’être numérisée ».

Le résultat du travail des historiens sera (quant à lui) restitué sous la forme d’un livre dont la publication est prévue dans le courant de l’année 2016.

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hqdefaultLe pont d’Avignon a beau être mondialement connu, chanté partout, être classé par l’Unesco, il n’avait pas fait jusqu’alors l’objet de recherches historiques poussées. De fausses légendes trainent également sur son compte. Deux exemples d’idées fausses balayées par Simone Balossino, historien italien et maître de conférences à l’université d’Avignon qui a participé aux travaux menés dans le cadre du projet de restitution en 3D.

  • L’histoire selon laquelle un berger poussé par la grâce divine a quitté son Ardèche natale pour aller construire un pont à Avignon est bien une fable.
  • Le pont aurait été construit entre 1177 et 1184 ? « Si certains historiens ont tenté d’expliquer cette étonnante rapidité en suggérant qu’il avait été bâti sur les vestiges d’un pont de l’Antiquité romaine, nous pouvons assurément affirmer que c’est complètement faux. Il n’est même pas tout à fait sûr que le pont ait un jour rejoint les deux rives… Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il était l’objet d’un chantier perpétuel. Il a été victime d’une quinzaine d’effondrements. Lorsqu’il a commencé à être construit, le Rhône ressemblait à la Durance d’aujourd’hui. Mais ensuite, en fonction des caprices du fleuve, des arches ont été régulièrement emportées. Ce chantier perpétuel a constitué un gouffre financier ». Mais vers 1669, on arrête les frais… Après une énième crue du Rhône, les réparations sont définitivement abandonnées.

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